Cd. Enregistrement de traductions de poèmes de Karen Dalton lus par lisa li-lund, Natasha Penot, Alma Forrer, Eloïse Decazes, Pauline Drand, Marianne Dissard et Rebecca Manzoni.
Relier musique et poésie avec la chanteuse Karen Dalton, qui ne chantait pas ses poèmes.
Pierre Lemarchand m’a proposé de traduire des poèmes de Karen Dalton, chanteuse folk que j’écoutais depuis une dizaine d’années. Ils ont été publiés en 2016 dans sa biographie Karen Dalton, le souvenir des montagnes, parue chez Camion blanc, ainsi qu’aux éditions Derrière la salle de bain.
La particularité de ces poèmes est qu’ils ont été écrits par une chanteuse qui, dans la pure tradition folk, a toujours chanté les mots des autres. Inédits, ils ont été retrouvés dans ses carnets par son ami Peter Walker, après sa mort. Peter Walker les a confiés à Pierre Lemarchand. Leur traduction a permis de les faire connaître, d’abord en France.
Cette expérience de traduction a été très formative, j’ai découvert à quel point elle était particulière concernant la poésie – très proche de l’expérience d’écrire un poème. Que Mallarmé ait été traducteur, notamment de Poe, fait partie des clefs pour comprendre son oeuvre.
Pierre Lemarchand a demandé à une dizaine de femmes de lire un poème de leur choix pour l’édition limitée et artisanale d’un disque tiré à 150 exemplaires. « L’idée de ce disque est simple : entendre quelques uns des poèmes de Karen Dalton, par d’autres voix singulières, confiées. C’est pour moi un hommage supplémentaire, une preuve que la voix de Karen est toujours, par delà les années, vive. » écrit Pierre Lemarchand. Rébecca Manzoni, par exemple, a choisi « Le détour » :
LONG WAY HOME
« Let’s take the long way home » you said
So we rode along the rocky way
The water used to go
Under to evergreen trees
Down someplace where I can’t follow
You cast your mind around, imaging ideas
Dreaming of clear water
“Take of your rings” you said
And stay with me
The flowers will remembered from this day
And we’ll have a secret then
Before they fade away
About those tears that might have been
For the love I’m in
LE DETOUR
« Prenons le détour pour rentrer » as-tu dit
Alors nous avons chevauché le long du chemin pierreux
Où coulait autrefois une rivière
Sous les arbres toujours verts
Ici-bas où je ne peux te suivre
Tu t’es projeté alentour, plein d’idées
De rêves d’eau fraîche
« ôte ton alliance, as-tu dit
Et reste avec moi
Les fleurs se souviendront de ce jour
Et nous aurons un secret alors
Avant qu’elles ne se fanent
Le secret des larmes qui auraient pu naître
De l’amour que j’ai pour toi »
« (…) J’errais donc, l’oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées. »