Elèves* de la Seconde Mallarmé, lycée François Couperin à Fontainebleau.
Carnets japonais créés par les élèves et complétés par eux (septembre 2019 à mars 2020).
Caviardages à partir du même poème de Mallarmé : « Plainte d’automne ». Posca (septembre-janvier 2019).
Poèmes plantés avec un bulbe en octobre 2019 qui commencent à sortir de terre en février 2020 (octobre-avril 2019).
Sculptures de papiers tressés, à partir d’un texte inédit de Mélanie Leblanc (novembre-décembre 2019).
« Fil d’ombre ». Plexiglass gravé (février 2020).
Poèmes des élèves écrits sur et à partir de gravures à l’encre réalisées par des élèves de seconde en option arts plastiques (février 2020).
Relier le travail de création au travail de transmission.
Se relier à des élèves et des professeurs dans la joie de la créativité partagée.
Comme Mallarmé, j’enseigne et j’écris. Ces deux activités sont liées, se répondent et se nourrissent mutuellement. Enseigner, c’est apprendre soi, bien avant d’apprendre aux autres – « c’est apprendre deux fois », écrivait Joseph Joubert. C’est en enseignant la poésie en collège de Z.E.P., en invitant les élèves à écrire et les poètes.ses à venir, que j’ai découvert l’immense pouvoir de la poésie sur toutes et tous.
C’est en enseignant le cinéma au lycée, en allant régulièrement voir des films avec les élèves et en rencontrant des critiques et des professionnels du cinéma, que j’ai véritablement découvert le cinéma.
En cours comme en atelier d’écriture, je suis toujours émerveillée par ce que les personnes créent, révèlent d’elles-mêmes.
L’aventure avec les élèves de la Seconde Mallarmé a été très belle, même si écourtée par le confinement.
Elle a commencé par la réalisation de caviardages à partir d’un même poème de Mallarmé – chaque élève s’en est emparé pour des propositions de poèmes et d’illustrations très personnelles.
Nous avons partagé du temps ensemble au château de Fontainebleau, en participant notamment à un atelier théâtre consacré à la mise en voix de poèmes de Ronsard. Les élèves sont venus au musée en octobre, ce qui a été l’occasion d’écrire chez Mallarmé mais aussi de planter avec son poème un bulbe de fleur, l’idée étant de voir fleurir leur poème au printemps. Les élèves n’ont pu revenir comme il était prévu, mais Grégory, régisseur du musée, a eu la gentillesse d’aller dans le jardin en plein confinement pour prendre quelques photos.
Chaque élève s’est emparé également d’un de mes inédits et l’a découpé pour créer une sculpture de papier tressé. A partir des mots apparaissant sur la sculpture, ils ont écrit un poème, qu’ils ont intégré ensuite à leur oeuvre.
Enfin, les poèmes gravés sur plexiglass ainsi que ceux écrits sur des gravures ont été réalisés par les élèves en moins d’une heure, lors de la dernière séance avant l’exposition. Ils témoignent au terme de ces 6 mois partagés de leur profonde compréhension de l’acte poétique et de leur fascinante créativité.
Les carnets japonais qu’ils ont eux-mêmes réalisés dès le mois de septembre offrent quant à eux un témoignage sur la durée, c’est un espace de liberté où se révèle de façon plus intime leur créativité. Ils sont exposés à côté de mes carnets, dans un meuble japonais renvoyant au meuble dans lequel Mallarmé rangeait ses manuscrits, visible à l’étage supérieur.
Le samedi 7 mars, les élèves qui pouvaient être présents ont accueilli les visiteurs, en leur proposant pour certains une visite de l’exposition, pour d’autres des poèmes soufflés : des souhaits écrits par eux sur le modèle de mon livre Des étoiles filantes, qu’ils murmuraient dans un tube en plastique relié à l’oreille de qui voulait les entendre.
* Louna Beaudin, Clara Belmondo, Nathan Boisseuil, Louise Bouron, Eléna Brunier, Rose Colonna, Ethan De Ridder, Daphné Eyenga Essomba, Mathias Foltier, Maëva, Benjamin Graine, Nina Kohlschitter, Elsa Merle, Loan Quelard, Garance Thebault, Rozenn Thomas, encadrés par leurs professeurs, Florence Digne et Anne-Marie Lescastreyres.
« Je suis peu respecté, et même, parfois, accablé de papier mâché et de huées. »