Poèmes de circonstance

Poèmes de circonstance

typopatate, pommes de terre et encre sur papier (avril 2020)
lèvre super rieuse, fil rouge sur toile de coton blanc (avril 2020)
javelé, eau de Javel sur papier (avril 2020)
libres, marqueur noir (mai 2020)
dystopire, Vitro Color (mai 2020)
je disjoncte, Posca sur disjoncteur (mai 2020)
de poubelle, Posca sur poubelle (mai 2020)
petit poucet, galets (mai 2020)
Hippolyte, fil rouge brodé sur chaussettes (mai 2020)

Ces « poèmes de circonstance » font référence aux vers de circonstance qu’affectionnait tant Mallarmé, dont Barbara Bohac a brillamment montré dans Jouir partout ainsi qu’il sied qu’ils n’étaient pas séparés du reste de son oeuvre. On peut les lire en NRF Gallimard, avec une préface d’Yves Bonnefoy, dans l’édition de Bertrand Marchal.

Le mot « circonstance » est à entendre ici  au sens large, les circonstances recouvrant à la fois les circonstances de la sphère privée (un anniversaire, une naissance) et celles de la sphère publique (les circonstances liées au confinement et à l’actualité mondiale).

En confinement, j’étais limitée matériellement et spatialement, comme tout un chacun.
Ne pouvant plus créer en résidence, j’ai utilisé ce qui était à ma portée. Le Karcher de mon voisin par exemple, dont il est question pour mes poèmes au Karcher, mais aussi les pommes de terre qui commençaient à germer. Ces pommes de terre ont été, comme le stylo pour écrire sur les vitres, prétextes à une activité avec enfant confiné : le tampon-patate.
Souhaitant jouer moi aussi, et offrir un cadeau d’anniversaire pour des quarante ans en quarantaine, j’ai créé une typo-patate sur le modèle du modulographe des éditions PPAF, afin de réaliser un poème-affiche.

Le Vitro Color a permis une activité avec enfant confiné qui m’a donné envie d’utiliser ces couleurs vives et gaies pour dire l’horreur face à ce que devenait notre monde, pire qu’une dystopie, « dystopire ».

Inspirée par l’actualité, j’ai écrit avec de l’eau de Javel après avoir appris que Donald Trump recommandait son usage ; pour fabriquer un masque, j’ai souhaité que les mots soient sourire, alors j’ai utilisé le reste de tissu de la yole et le fil rouge pour broder un poème spatial.
Enfin, j’ai souhaité rappeler que nous étions libres malgré ce confinement, en écrivant sous le mot « libre », sur une colonne d’où les affiches avaient disparu. Les injonctions contradictoires me faisant disjoncter, j’ai écrit sur mon disjoncteur « On m’injonte Je disjoncte ».

Lorsque nous avons été déconfinés, la reprise effrénée de la consommation m’a poussée à écrire sur ma poubelle « C’est reparti de poubelle ».
Cela m’a toutefois permis de revoir la mer, dans mon rayon de 100km, retrouvailles qui m’ont inspiré le « petit poucet retrouvé ».

Un enfant est né au moment du déconfinement, Hippolyte, dont le prénom mythique m’a donné envie de traverser les siècles, en reprenant les vers de Racine – chacun sa chaussette : 

– Tu connais ce fils de l’Amazone, / Ce Prince si longtemps par moi-même opprimé ?  (…) ?

Hippolyte ! Grands dieux !

C’est toi qui l’as nommé !

«Je donnerais les vêpres magnifiques du Rêve, et leur or vierge, pour un quatrain, destiné à une tombe ou à un bonbon, qui fût réussi»

Stéphane Mallarmé

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