Relier espace poétique et espace musical.

Des falaises est mon premier livre, publié par Cheyne à l’automne 2016. En tant que tel, il compte particulièrement pour moi, notamment dans l’évocation des falaises près desquelles j’ai grandi, sur la côte d’albâtre. J’ai recherché l’épure dans l’écriture pour arriver à des mots-galets, comme la mer fait avec les silex lorsque la falaise s’effondre. Malgré mon goût pour les rencontres entre poésie et musique, je sentais que cette épure s’y prêtait mal et ne cherchais pas à ce que ce recueil soit « mis en musique ».

Je ne connaissais encore ni Simon Gendrot, ni la musique acousmatique. Un jour, je reçois via mon éditeur un mail enthousiaste d’un jeune compositeur très touché par mon livre. Je découvre ce qu’il a déjà composé à partir de poèmes et sais immédiatement que c’est à lui que je souhaite confier Des falaises.

Il est venu prendre des sons sur les falaises de Fécamp et une amitié est née. Il a choisi trois voix différentes pour lire les trois parties. Ce que l’on peut entendre ici est la deuxième partie, lue par le comédien Vincent Guiot. Pour mieux comprendre ce qu’est l’art acousmatique, on peut aller sur le site de Denis Dufour.

La musique acousmatique pense la spatialisation du son. Des falaises questionne l’espace et le temps. Cette pièce de Simon Gendrot fait particulièrement sens chez Mallarmé, pionnier de la spatialisation du poème, dont les poèmes ont donné vie au Prélude à l’Après-midi d’un faune, de Debussy.